LE PORT DE ST-BARTHÉLEMY '

LE PORT DE ST-BARTHÉLEMY

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01 mars 2017

Il y a une soixantaine d’années, St-Barth était encore une île paisible, sans voiture ni avion. Toutes les marchandises importées arrivées par voie maritime, comme le service du courrier. Face à l’augmentation de la population, des besoins de chacun et surtout grâce aux moyens techniques modernes, la ville s’est agrandie, le port s’est transformé pour devenir l’actuelle zone portuaire de Gustavia.

Dans le temps d’avant

La rade de Gustavia a toujours possédé cette forme en U. Au début du vingtième siècle, Le service des postes était assuré par une goélette, la “Marie Stella”. Le navire faisait toutes les semaines le trajet Guadeloupe, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et retour sur la Guadeloupe. Pas d’électricité, mais des lampes à pétrole pour s’éclairer quand le jour tombait. A 20 heures précises, la cloche suédoise du clocher de Gustavia sonnait et annonçait le moment de rentrer chez soi. Sur le port, chaque famille possédait son emplacement personnel, son petit “quai” le long de la berge, ainsi que son canot à rames. Ces embarcations faisaient le va-et-vient entre les gros navires et la terre ferme pour décharger les marchandises ensuite stockées dans l’entrepôt familial jouxtant les quais de déchargement. Le “quai” de la famille Beal par exemple, était situé à l’emplacement de l’ancienne école de voile, au fond de l’actuelle rade du port, non loin de l’église anglicane. Du canot familial, les sacs de marchandises étaient déchargés sur la berge puis acheminés dans les quartiers, à dos d’homme ou d’âne. Les routes, en pierres et en terre battue étaient rares. Seul existait un chemin qui allait de Gustavia à Lorient puis de Lorient à Saline. Ce n’est qu’en 1939 que la première voiture, amenée par bateau de Martinique, est apparue sur l’île. Son propriétaire, un habitant de Gustavia, mettait une heure pour rejoindre Lorient. Pour atteindre les quartiers de la côte au vent, il fallait marcher par les sentiers ou pour les plus chanceux y aller à dos d’âne ou à cheval. Les animaux étaient achetés dans les îles avoisinantes, St-Kitts, St-Martin, Tortola et étaient ramenés par bateau.

Seuls les sloops, ces monocoques de petites tailles et de faible tirant d’eau, pouvaient accoster le long du petit quai en pierres situé à l’emplacement de l’actuel quai du général de Gaulle. Les autres bateaux, de tonnages trop importants, devaient rester à l’entrée de la rade car le port n’était pas assez profond pour leur permettre d’accoster. Pour rentrer dans le port de nuit, les sloops devaient prendre un repère par rapport à deux petites lumières. Le phare n’existait pas encore. A la place du bâtiment actuel, il y avait une lanterne alignée sur une seconde en contrebas signalant ainsi la passe permettant de rentrer dans le port. Tous les soirs, il fallait que la personne chargée de cette mission, Monsieur Cagan, monte allumer les lanternes. A l’aube, il revenait éteindre et nettoyer ces repères indispensables aux marins. Ce n’est qu’en 1950 que les Saint-Barths ont sollicité le député de leur circonscription, M. Valentino, pour que celui-ci fit les démarches nécessaires afin de construire un phare à l’entrée du port.

Les transformations portuaires

Le manque de profondeur des eaux du port empêchait l’accostage des gros navires. C’est Rémy de Haenen, ancien maire de Saint-Barthélemy (Cf page « L’aéroport de Saint-Barthélemy Gustav III ») qui eut l’idée de faire venir une drague après le passage du cyclone “Dog” en 1950. Le sable retiré du fond du port fut étalé sur la berge de l’anse des galets afin de transformer ce site rempli de grosses pierres en

plage. Le sable dragué au fond des eaux du port était parsemé de nombreux coquillages qui furent visibles sur la nouvelle plage constituée. C’est ainsi que l’anse des galets est communément appelée “Shell Beach” (“plage des coquillages”) aujourd’hui. Après la drague du port, un vrai quai en béton fut construit et remplaça l’ancien devenu trop étriqué. Les navires de toutes tailles pouvaient ainsi facilement accoster afin de décharger leurs marchandises. Les alentours du port étaient encore bien calmes. Mis à part quelques entrepôts et des toilettes publiques, point de nombreuses maisons comme désormais autour du port. Il n’y avait que quelques bâtiments suédois en ruines, dont le Wall House, deux ou trois commerces partagés entre La Pointe et le centre de la bourgade et quelques maisons d’habitations. Les Saint-Barths avaient pris l’habitude de ne pas construire leurs cases trop près de la berge afin de les protéger des tempêtes et des cyclones. Peu de commerces actuels existaient en ce temps là. Un des plus connus, le bar “Le Sélect” était déjà en activité. Il était situé à l’emplacement actuel de la bijouterie « Goldfinger », anciennement “Little Switzerland” puis il a déménagé pour s’installer dans le bâtiment que nous connaissons aujourd’hui.

Au début des années 1980, face à l’afflux touristique et à la croissance importante du trafic des navires commerciaux et des bateaux de plaisance, les élus décidèrent de construire un port de commerce. Les navires de commerce déchargent ainsi en toute tranquillité leurs marchandises à Public alors que les navires de plaisance jouissent pleinement des mouillages dans la rade de Gustavia. La vue sur la ville a bien changée. Les constructions commerciales et d’habitations se sont rapidement multipliées, les bâtiments suédois en ruine ont été restaurés. Gustavia est devenue en quelques années une véritable ville, avec sa mairie, son comité territorial du tourisme, sa capitainerie, son musée et ses commerces élégants.

L’ancre du square de la Rétrocession

Au début des années 1980, le capitaine d’un navire qui remorquait une barge se plaignit au pilote St-Barth chargé de guider son entrée dans le port de Gustavia d’un poids qui alourdissait son câble de remorquage depuis Saint-Thomas. Arrivé devant Corossol, le débris s’accrocha au fond de l’eau et le câble du bateau fut dégagé. Sur le moment, Romon Beal le pilote, prit des points de repères afin de se rappeler dans quel périmètre le débris était resté accroché. Après avoir déchargé ses marchandises, le navire repartit vers d’autres îles sans autre problème. Mais Romon Beal n’avait pas oublié la mésaventure du remorqueur. Il voulut savoir quel était l’objet qui avait pu alourdir à ce point le câble de remorquage du bateau. Se remémorant les points de repères qu’il avait pris la veille, il plongea par dix-huit mètres de profondeur. A sa grande surprise, il trouva une ancre aux dimensions gigantesques. Après maintes difficultés pour la remonter, Romon Beal décida de la mettre à la disposition de la commune de l’époque. Depuis cette aventure, l’ancre est posée dans le square de la Rétrocession, devant l’église anglicane de Gustavia. L’origine de cette ancre qui pèse près de quinze tonnes est encore visible. Il suffit de s’en approcher pour lire sur un de ses côtés “Liverpool, wood, London”. Les historiens pensent qu’elle devait appartenir à un navire anglais qui faisait du commerce dans les îles au dix-neuvième siècle.

Pour plus d’informations pratiques sur le port, contacter la capitainerie via son site internet www.portdegustavia.fr

© A c c e s s Keno Gauvrit Beblo

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